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Elle a parcouru le monde entier, son appareil photo en bandoulière. Marie-Laure de Decker vit désormais à Rabastens, non loin du Tarn, une rivière qui la fascine depuis son enfance.
«Chaque fois que je voyais un fleuve, dans le monde, je le comparais au Tarn…» La photographe Marie-Laure de Decker vit à côté de Rabastens, là où se sont construits ses plus beaux souvenirs d'enfance.
«Je passais tous les étés chez ma tante au château de Saint-Géry, au bord du Tarn à Rabastens. C'était ma récompense, après chaque année scolaire en pension, où c'était très dur, d'aller dans ce paradis. C'est un splendide château avec des parties datant de Louis XIII, le «Versailles du Tarn», et d'ailleurs, il est à-pic au-dessus de la rivière. C'était une splendeur… Le Tarn charrie une terre rouge, et c'est grâce aux deux terres du Tarn que l'on peut composer les briques des maisons de ce pays. On trouve des boues rouges semblables en Afrique. Et puis, lorsque l'on remonte le Tarn, avec ses hauts arbres, cette végétation folle entre Gaillac et Saint-Géry, eh bien par moments, on a le sentiment d'être sur un fleuve africain au milieu de la forêt tropicale… Au demeurant, le Tarn n'est plus ce qu'il était autrefois. Il a beaucoup diminué. Et je ne dis pas ça par nostalgie !»
Marie-Laure de Decker a songé à sa rivière chérie devant le Chari, qui prend sa source au Cameroun, et qui dispense la vie sur ses berges jusqu'au Lac Tchad qu'il alimente. Elle y a songé en descendant le Mékong de Phnom Penh à Saïgon quand elle couvrait la Guerre du Vietnam. «Je me souviens de la Rivière des Parfum, près de Hué, c'était très beau, très calme, majestueux, avec des pagodes, et puis les palais de l'Annam…»
Mais au-delà de la rivière (le Tarn aussi puissant qu'il soit n'est pas un fleuve !), c'est bien cette cité de Rabastens que Marie-Laure de Decker chérit aussi.
«C'est une très belle ville, très ancienne, assez vertigineuse, avec là aussi, des à-pics sur la rivière. On y trouve une très belle architecture, et globalement, la ville n'a pas trop été massacrée…»
En revanche, la photographe tempête contre les immenses panneaux publicitaires qui polluent ses chères années de platanes :» On y voit de la pub dégoulinante, avec des barquettes de viande, de la saucisse et des côtelettes d'agneau… C'est affligeant, dans un environnement aussi somptueux !»
Et puis, Marie-Laure de Decker aura plaisir à vous conter les épisodes méconnus de l'histoire de sa ville. Rabastens, au cœur du catharisme, proche d'Albi, fut un des fiefs des hérétiques. Plus tard, ce sont les protestants qui viendront s'établir dans cette ville perchée au-dessus des eaux rouges. Le catholique Blaise de Monluc la reprendra après avoir tiré, dit la légende, huit cents coups de canon.
Marie-Laure de Decker a bien sûr, photographié sa ville, ce qui a suscité une exposition de 100 Photos autour de Rabastens en 2000.
«La ville possède une église magnifique, un musée passionnant ! Et puis, un lavoir extraordinaire… On descend des marches et l'on se retrouve sur un cercle immense, avec ses pierres usées, alimenté par des sources naturelles… C'est la visite obligatoire pour mes amis ! Il y fait frais, il y a cette eau qui coule, c'est un endroit sublime…»
Chut, n'en dites pas trop, tout le monde va vouloir y venir…
«Le château de Saint-Géry est à-pic sur le Tarn. On l'appelle le Versailles du Tarn»
Dominique Delpiroux
ladepeche.fr
All images © MARIE-LAURE DE DECKER
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