sabato 4 settembre 2010

PORTRAIT D'UNE NEGRESSE di MARIE-GUILHELMINE LEROUX-DELAVILLE

A la veille de la Révolution, Marie-Guilhelmine Leroux-Delaville (1768-1826) fait partie d’une petite élite de jeunes femmes peintres qui réussissent à suivre l’enseignement de maîtres, sans appartenir à une famille d’artistes. Elève d’Elisabeth Vigée-Lebrun, elle fréquente aussi, à partir de 1786, l’atelier de David et expose de premières toiles de style néoclassique, sous sa direction, en 1791. Mariée, en 1793, à Pierre Vincent Benoist, royaliste suspecté de conspiration, elle est soumise à des visites domiciliaires pendant que son mari se cache. Elle survit sous la Terreur avec son premier enfant, en vendant de petits portraits au pastel et des scènes de genre moralisantes.
Sous le Consulat, ayant retrouvé une vie moins difficile, elle cherche à faire connaître son véritable talent. Le portrait du député Belley, présenté en 1797 et 1798, a fasciné le public. Pourtant, représenter un Noir n’est pas alors un sujet noble, et semble plus incongru encore de la part d’une femme dont on attend des sujets charmants, familiaux ou intimistes. En présentant ce portrait de femme noire qui renoue avec le style néoclassique, au Salon de 1800, Madame Benoist démontre ses capacités et triomphe du même coup des conventions sur le rôle dévolu aux femmes artistes.
Au tournant du siècle, la situation des Noirs représente un enjeu politique et économique considérable. L’abolition de l’esclavage, décrétée le 4 février 1794, par la Convention n’a pas été suivie d’une pleine application, du fait de la guerre ou de l’opposition des colons. Lors de l’accalmie entre la France et les pays d’Europe coalisés, la traite des Noirs reprend dans l’Atlantique et les tenants des intérêts coloniaux s’efforcent d’amener Bonaparte à rétablir un esclavage propre à assurer le retour de la prospérité aux îles et à enrayer les tendances indépendantistes.

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Portrait d'une négresse .1800 © Photo RMN - G. Blot

Cette toile apparaît audacieuse en 1800 en raison à la fois de l’idée que se fait l’époque de la représentation des Noirs et du rôle qu’elle assigne à la femme dans l’art. Avec le recul du temps, cette œuvre exceptionnelle révèle surtout avec quelle acuité Marie-Guilhelmine Benoist, cette femme artiste qui avait traversé la Révolution, a perçu l’importance du sexe, de la race et de la classe sociale à l’époque de l’entrée de la France dans la modernité.
Les idéaux de liberté, d’égalité et de fraternité qui rejettent au nom de la morale le critère de la race ont certes été proclamés sous la Révolution mais ne seront assimilés que progressivement. A cette époque, les distinctions raciales sont minutieusement décrites et rationalisées. En parallèle, avec l’extension de l’esclavage au XVIIIe siècle s’est développée une hiérarchie des races fondée sur une classification des caractéristiques biologiques. En 1800, si la loi rejette encore moralement la race, la différenciation l’emporte.
Auteur : Luce-Marie ALBIGÈS

>http://www.histoire-image.org/

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